Les Paroles Cachées

en persan

Au nom de l'Orateur le plus puissant!


Ô possesseur d'intelligence et d'entendement, voici la première parole de l'Ami:

Ô Rossignol de réalité, ne cherche pas ton refuge ailleurs qu'au Jardin de la Spiritualité! Ô Messager du Salomon de l'amour, ne prends comme patrie que la Saba du Bien Aimé! Ô Griffon d'éternité, ne choisis pas d'autre demeure que le mont de la Fidélité. Telle est ton habitation, si tu t'envoles vers l'infini sur les ailes de vie, et si tu tiens à te diriger à l'endroit qui t'est réservé.

Ô Fils de l'Esprit!

Tout oiseau est attiré par son nid, et tout rossignol désire la beauté de la rose; il n'y a que les oiseaux du coeur des hommes qui, satisfaits de la poussière mortelle, se sont tenus éloignés du Nid éternel: ils se fient à la boue de l'éloignement et méprisent les fleurs de l'Approche. Quelle merveille, quel regret, quel chagrin et quelle folie que, pour un seul vase d'eau, ils se soient privés des ondes du Compagnon suprême, et tenus éloignés de l'horizon Abhá!

Ô Ami!

Dans le Jardin du coeur ne plante que la fleur d'Amour, et ne laisse pas s'envoler le Rossignol de l'affection et du désir. Estime la compagnie du juste, et retire ton esprit et ta main de la fréquentation du méchant.

Ô Fils d'équité!

Quel amant peut vivre ailleurs que dans le pays du Bien Aimé, et quel chercheur peut se reposer loin de l'objet de son désir? Pour un amant sincère, la vie c'est la présence du Bien Aimé; la mort c'est la séparation: son coeur alors est impatient et son esprit ne peut rien supporter; il risque cent mille fois sa vie et il se précipite vers la demeure du Bien Aimé.

Ô Fils de la poussière!

En vérité Je dis que le plus insensé est celui qui discute vainement et cherche à s'élever au-dessus de son frère. Dis: ô frères, parez-vous de belles actions plutôt que de paroles.

Ô Fils de la terre!

Sachez en vérité qu'un coeur qui contient encore la moindre trace d'envie n'entrera jamais dans mon Royaume éternel et ne connaîtra jamais les parfums de sainteté de sainteté de mon Paradis magnifique.

Ô Fils d'amour!

De toi au buisson protecteur de l'Approche et à l'arbre d'exaltation de l'Amour, il n'y a qu'un pas. Avance le premier pied, et pose l'autre dans le Royaume immortel: pénètre sous les tentes d'éternité, puis écoute ce que révèle la Plume d'honneur.

Ô Fils d'honneur!

N'hésite pas dans le sentier sacré, et entre dans les sphères de l'intimité. Polis ton coeur avec le brillant de l'Esprit, et dirige-toi vers l'appel du Très Haut.

Ô Ombre vaine!

Quitte les degrés obscurs des imaginations et viens vers les hauteurs de gloire de la certitude. Ouvre l'oeil de vérité: tu verras la Beauté évidente, et tu diras: Béni soit Dieu, le plus excellent des créateurs!

Ô Fils de passion!

Écoute en vérité: l'oeil mortel ne connaît pas la Beauté éternelle, et le coeur mort ne s'occupe que de la boue inerte, car les compagnons se recherchent, et qui se ressemble s'assemble.

Ô Fils de la Terre!

Sois aveugle, et tu verras ma beauté; sois sourd, et tu entendras mon chant et mes accents merveilleux; sois ignorant, et tu participeras à mon savoir; sois pauvre, et tu auras une part infinie de l'océan éternel de ma richesse. C'est-à-dire aveugle, pour ce qui n'est pas ma Beauté; sourd, pour ce qui n'est pas ma Parole; ignorant, de tout ce qui n'est pas mon Savoir. Ainsi, avec un regard pur, un esprit sans tache, un entendement affiné, tu entreras dans ma Présence sacrée.

Ô Possesseur de deux yeux!

Ferme un oeil et ouvre l'autre. C'est-à-dire ferme-s-en un au monde et à ses habitants, et ouvre l'autre à la sainte beauté du Bien Aimé.

Ô mes Enfants!

Je crains qu'avant d'avoir entendu la mélodie du Rossignol, vous ne retourniez aux régions mortelles, et que, sans avoir vu la beauté de la Rose, vous ne descendiez à l'eau et à la boue.

Ô Amis!

Ne négligez pas la Beauté éternelle pour la Beauté mortelle, et ne soyez pas retenus par le monde de poussière.

Ô Fils de l'Esprit!

Le temps viendra où le Rossignol de la divine Sainteté ne pourra plus expliquer les mystères cachés, et où vous serez tous privés de la mélodie divine et de l'appel céleste.

Ô Essence de négligence!

Hélas! cent mille langages spirituels sont parlés par une seule bouche, et cent mille significations cachées sont révélées dans une seule mélodie. Mais il n'y a pas d'oreilles pour écouter, ni de coeur pour en comprendre une seule lettre!

Ô Camarades!

Les portes de l'Infinis sont ouvertes, et la Cité du Bien Aimé est teinte du sang des amants. Mais tous sont privés de cette cité spirituelle à l'exception d'un petit nombre; et parmi ces derniers, combien peu ont été reconnus au coeur pur et à l'âme sanctifiée?

Ô Peuple du suprême Paradis!

Apprenez au peuple de la certitude que, dans les sphères sacrées, auprès du Ridván, un nouveau Paradis est apparu, et que les habitants des cieux élevés et les membres de l'Éden suprême en font pieusement le tour. Efforcez-vous d'atteindre cette station, et de découvrir, dans ses rouges Anémones, les vérités du mystère de l'Amour, et dans ses Fruits éternels, l'ensemble des vertus excellentes de l'Unité. Ils sont illuminés, les yeux de ceux qui y ont pénétré sans crainte!

Ô mes Amis!

Avez-vous oublié ce matin clair et brillant où, à l'ombre de l'arbre d'Anissa planté dans le Paradis suprême, vous étiez tous réunis auprès de Moi dans ces régions sacrées? Je vous dis alors trois mots bénis dont l'audition vous rendit perplexes. Je dis: ô mes amis, ne préférez pas votre plaisir au mien; ne désirez pas ce que Je ne désire pas pour vous; et ne M'approchez pas avec des coeurs morts souillés de désirs et d'espérances. Si vous purifiez vous coeurs, vous reverrez alors ces lieux et cette Présence, et vous comprendrez mes explications.

Dans le huitième des versets sacrés de la cinquième Tablette du Paradis, Il dit:

Ô vous les morts sur les couches de négligence!

Des siècles ont passé, et vous avez achevé le cours de vos précieuses vies; et cependant pas un seul souffle pur n'est encore monté de vous à notre Présence sacrée. Vous vous noyez dans la mer du polythéisme et vous parlez d'unité! Vous avez aimé ce que Je hais, et vous avez fait votre ami de mon ennemi. Vous vous laissez aller inconscients et joyeux sur ma terre, sans savoir que cette terre en a assez de vous, et que ses biens vous échappent. Et pourtant, si vous ouvriez seulement un peu vos yeux, vous verriez que cent mille peines valent mieux que cette joie, et que la mort est préférable à cette vie!

Ô poussière mouvante!

Je suis ton compagnon, et tu désespères de Moi! L'épée de rébellion a abattu l'arbre de ton espérance; et pourtant, toujours Je suis près de toi, bien que toi, en toutes circonstances, tu demeures loin de Moi. Je t'ai réservé la gloire éternelle, et tu as préféré l'humiliation sans fin. Alors qu'il en est temps encore, reviens, et ne laisse pas échapper l'occasion.

Ô Fils de passion!

Les hommes de sagesse et d'intuition se sont efforcés pendant des années, mais en vain, de parvenir à la présence du Possesseur de Gloire. Ils ont couru des vies entières, sans jamais rencontrer le Magnifique. Toi au contraire, sans te hâter, tu es arrivé au but, et sans le chercher, tu as trouvé ce que tu désirais. Et cependant, après avoir franchi tant d'étapes, le voile qui te recouvrait était si épais, que tu n'as pas su voir la beauté du Bien Aimé, ni toucher le pan de sa robe! Soyez-en étonnés, ô possesseurs d'intuition!

Ô Habitants du pays de l'Amour!

Des vents de mort soufflent sur la Flamme éternelle, et la beauté de l'Adolescent spirituel disparaît sous l'affliction de la noire tyrannie. Le Roi des rois de l'amour est opprimé aux mains de ses iniques sujets, et le Rossignol de sainteté est sous les griffes des hiboux. Tous les habitants des tentes Abhá et de l'Assemblée suprême se lamentent et gémissent, pendant que vous vous reposez à l'aise sur la terre de négligence. Et vous vous comptez parmi les amis sincères! Grande est votre erreur!

Ô Ignorants qui passez pour sages!

Pourquoi cherchez-vous à paraître des bergers, quand en réalité vous êtes des loups qui dévorent mes troupeaux? Vous êtes comme l'étoile qui précède l'aurore: elle semble claire et lumineuse, mais, en fait, elle égare les caravanes de mes villes et de mes régions, et elle cause leur perte.

Ô Toi qui parais magnifique, mais qui n'es qu'avili!

Tu es comme une eau amère et pure, dont on remarque la délicatesse et la clarté parfaites; mais, lorsqu'elle arrive entre les mains connaisseuses du divin Essayeur, pas une seule goutte n'en peut être acceptée. L'éclat du soleil brille sur la poussière comme sur le miroir, mais sache la distance entre la terre et les Farqads (1): certes elle est infinie.

(1) les Farqads: en persan farqadan. Il y a ici une allitération entre farqadan et farq dan, qui signifie sache la distance.

Ô Toi qui te dis mon ami!

Réfléchis: as-tu jamais entendu dire qu'un coeur pouvait contenir à la fois l'ami et l'étranger? Alors, chasse l'étranger, que le Bien Aimé puisse rentrer chez Lui.

Ô Fils de poussière!

J'ai créé pour toi tout ce qui est au ciel et sur terre: Je ne me suis réservé que les coeurs comme le siège de ma Beauté et de ma Splendeur. Et tu as abandonné ma demeure à un autre que moi! Aussi, lorsque l'apparition de ma Sainteté a voulu venir en sa propre place, trouvant un autre qu'Elle, un étranger, dans les lieux, Elle s'en est retournée vagabonde vers le sanctuaire sacré du Bien Aimé. Et malgré tout, Je l'ai caché et Je n'ai pas révélé le secret, ne pouvant me faire à ta honte!

Ô Essence de passion!

Souvent à l'aube suis-Je venu vers ta demeure de l'Orient de l'Infini; et, te voyant sur ton lit de repos occupé avec autre que Moi, Je m'en suis retourné comme un éclair spirituel aux nuages de gloire royale. Mais dans mon refuge, auprès des miens, Je ne l'ai pas révélé aux armées sacrées.

Ô Fils de l'Abondance!

Tu étais dans les déserts de la non-existence; mais, par mon commandement, te tirant de la poussière, Je t'ai fait apparaître dans ce monde. Pour t'élever, J'ai cultivé tous les atomes des contingences et les réalités des choses. Ainsi, avant que tu ne sortes du sein de ta mère, J'ai fait couler pour toi deux ruisseaux de lait pur. J'ai désigné des yeux pour te garder, J'ai mis ton amour dans les coeurs, et généreusement Je t'ai élevé à l'ombre de ma miséricorde, te préservant par le trésor de ma Faveur et de ma Grâce. Le but de tout cela était de te faire entrer dans notre Royaume éternel, et mériter nos dons invisibles. Mais toi, ô négligent, lorsque tu eus atteint l'âge de raison, renonçant à tous mes bienfaits, te confiant à ton imagination décevante, tu M'oublias entièrement: quittant le seuil du Bien Aimé, tu t'en fus habiter sous le toit de l'ennemi.

Ô Esclave de ce monde!

Bien des matins, le souffle de ma Faveur est passé sur toi; et t'ayant trouvé endormi sur ta couche de négligence, pleurant sur ton état, il s'en est retourné.

Ô Fils de la Terre!

Si tu Me veux, ne veux que Moi; si tu désires ma Beauté, détourne ton regard des humains. Car le désir de Moi et d'un autre que Moi est comme le feu et l'eau; un seul esprit, un seul coeur ne peuvent les contenir tous deux.

Ô Étranger à l'Ami!

La flamme de ton coeur brille, grâce à la main de ma puissance: ne l'éteins pas au vent contraire des violents désirs et des passions. Le médecin pour tous les maux est ma mention: ne l'oublie pas. Que mon Amour soit ta richesse: chéris-le comme la prunelle de tes yeux.

Ô mon Frère!

Écoute les magnifiques paroles qui coulent de ma douce Langue, et bois à mes délicates Lèvres le Salsabil de la sainte Spiritualité; c'est-à-dire sème les graines de ma Sagesse inspirée dans la terre pure des coeurs, arrose-les avec l'eau de la certitude, afin que les Hyacinthes de ma Sagesse et de mon Savoir poussent, verdoyantes, dans la cité sainte des coeurs.

Ô Peuple de mon Ridván!

J'ai planté l'arbrisseau de votre affection et de votre amitié, d'une main bienfaisante, dans le parterre sacré du Paradis, et Je l'ai arrosé avec les ondées de ma miséricorde. Maintenant, il va donner des fruits: efforcez-vous de le protéger, afin qu'il ne soit pas brûlé par le feu des désirs et des passions.

Ô Fils de poussière!

Les sages parmi les hommes sont ceux qui ne parlent que lorsqu'on les écoute; de même que l'échanson ne tend pas la coupe à celui qui n'a pas soif, et que l'amant ne laisse crier son coeur qu'une fois qu'il a trouvé la beauté de l'aimée. Ainsi, ne semez les graines du savoir et de la sagesse que dans la terre pure du coeur, et enfouissez-les-y, afin que les Hyacinthes de la Sagesse divine sortent du coeur et non de la boue.

Dans la première ligne de la Tablette mentionnée il est écrit, et sous le pavillon de la Préservation divine il est caché:

Ô mon Serviteur!

Ne perds pas le Royaume éternel pour un désir charnel, et ne rejette pas l'Empire du Paradis pour satisfaire tes sens. Tel est le Kawthar de vie qui a coulé de la Plume de miséricorde. Bénis ceux qui y boivent!

Ô Fils de l'Esprit!

Brise la cage, et envole-toi à tire d'ailes dans l'aire de sainteté, comme le Phénix de l'amour! Oublie ton moi, et, d'un esprit miséricordieux, repose-toi dans les sphères divines de sainteté.

Ô Fils de cendres!

Ne sois pas satisfait par le repos d'un jour, et ne renonce pas au repos éternel; n'échange pas le Jardin immortel des délices perpétuels pour la fournaise terrestre de la mortalité. Sors de ton cachot, et vas aux plaines splendides de la Vie. De la cage de l'existence mortelle, va-t'en au glorieux paradis de l'Infini.

Ô mon Serviteur!

Secoue les chaînes des biens terrestres et libère-toi de la prison de ton moi. Saisis l'occasion qui ne reviendra plus, car tu ne reverras jamais ces jours!

Ô Fils de ma servante!

Si tu pouvais voir le Royaume immortel, tu rejetterais de toutes tes forces les biens de ce monde. Mais il y a une sagesse à ce que celui-là soit caché, et des mystères à ce que ceux-ci soient visibles. Seuls les coeurs purs peuvent le comprendre.

Ô mon Serviteur!

Purifie ton coeur de toute malice; et, libre de haine, achemine-toi à la sainte présence de l'Unique.

Ô mes Amis!

Marchez dans le sentier de la satisfaction de l'Ami, qui a toujours été celle de ses créatures. Ainsi, nul ne doit pénétrer chez un ami sans son consentement, ni disposer de son bien, ni préférer ses propres désirs aux siens, ni se considérer comme supérieur en quoi que ce soit. Réfléchissez à cela, ô possesseurs de réflexion!

Ô Ami de mon trône!

Ne prête aucune attention au mal; ne t'avilis pas en te plaignant. Ne profère aucune mauvaise parole et tu n'en entendras pas; ne trouve pas graves les fautes d'autrui, pour que les tiennes te semblent minimes. Ne te réjouis pas à l'humiliation des autres, pour que la tienne ne devienne pas visible. Ainsi, d'un coeur pur, d'un esprit et d'une âme fortifiés, avec des pensées élevées, tu vivras détaché pendant toute ta vie, laquelle n'a même pas la valeur d'un instant; et tu quitteras avec joie ce corps mortel, pour retourner au mystérieux Paradis spirituel et habiter le Royaume immortel!

Malheur à vous, les assoiffés de passions luxurieuses!

Avec la promptitude de l'éclair, vous avez renoncé au Bien Aimé spirituel pour attacher votre coeur à des pensées sataniques. Vous vous prosternez devant le produit de votre imagination, que vous appelez la Vérité: vous regardez l'épine et vous la prenez pour la rose. Nul souffle d'indépendance n'est venu de vous, et des jardins de vos coeurs n'est parvenue nulle brise de détachement. Vous avez jeté au vent les conseils pleins de compassion du Bien Aimé, et vous les avez effacés de la tablette de vos coeurs: comme des bêtes sauvages, vous vous débattez dans les pâturages du désir et de la luxure!

Ô Frères du chemin!

Pourquoi avez-vous négligé le souvenir du Bien Aimé et êtes-vous demeurés loin de la présence de l'Ami? La pure Beauté réside sur le Trône de gloire, sous les Tentes sans pareilles, et vous passez votre temps à vous disputer pour vos passions. Les parfums de sainteté sont répandus, les brises de générosité soufflent, mais vous avez perdu le pouvoir de sentir quoi que ce soit. Malheur à vous, et à quiconque marche sur vos traces et suit votre exemple!

Ô Enfants du désir!

Quittez le vêtement des vanités, et dépouillez la robe d'orgueil.

Dans la troisième des lignes sacrées, révélées par la Plume cachée dans la Tablette de Rubis, il est écrit.

Ô Frères!

Soyez courtois les uns pour les autres, et détachez votre coeur de ce monde. Ne soyez pas fiers dans les honneurs, ni humiliés dans l'adversité. Par ma beauté! je jure que je vous ai tous créés de la même poussière, et que je vous réduirai certainement à nouveau en poussière!

Ô Enfants de poussière!

Apprenez aux riches les lamentations matinales du pauvre, de peur que leur insouciance ne les mène à la ruine et qu'ils ne perdent leur part de l'Arbre du bonheur. Je suis miséricordieux et généreux: heureux qui se pare de mes qualités!

Ô Essence de passion!

Ne soyez pas avides, et sachez vous contenter; car l'ambitieux a toujours été privé de tout, tandis que le modeste a été chéri et accepté.

Ô Fils de ma servante!

Il ne faut pas être troublé dans la pauvreté, ni confiant dans la richesse; car, derrière toute pauvreté il y a une richesse, et l'anéantissement vient après toute richesse. Le plus grand bienfait est d'être dépourvu de ce qui n'est pas Dieu: sache l'apprécier, car, à la fin, cette richesse en Dieu sera manifeste. C'est ce que signifie le verset du Qur'án vous êtes les pauvres et la parole sacrée par Alláh! Il est le riche apparaît à l'horizon du coeur de l'amant, comme l'aurore lumineuse, claire, manifeste, visible, inscrite avec toute son autorité sur le trône de la richesse.

Ô Enfants de la négligence et de la passion!

Vous avez fait entrer chez Moi mon ennemi, et vous avez chassé mon ami, puisque vous aimez un autre que Moi. Écoutez la parole de l'Ami, et avancez-vous vers son Paradis. Ceux qui se disent amis s'aiment en général par intérêt, tandis que le véritable Ami vous aime et vous aimera pour vous-mêmes. Que dis-je? Il a accepté d'innombrables souffrances pour votre amour et pour vous guider. Ne soyez pas cruels envers un tel Ami, mais bien plutôt courez à sa rencontre. Tel est le Soleil des paroles de sincérité et de fidélité qui brille à l'horizon du doigt du Possesseur des noms. Ouvrez vos oreilles pour entendre la parole de Dieu, l'Éternel!

Ô vous rendus présomptueux par vos biens périssables!

Sachez que l'opulence est une lourde barrière entre le chercheur et le Désiré, entre l'amant et le Bien Aimé. Bien peu, parmi les riches, abordent aux rives de l'Approche et entrent dans la Cité du contentement et de la résignation. Il a du mérite, véritablement, le riche que son opulence ne prive pas du Royaume éternel et des richesses impérissables! Par le Plus Grand Nom, Je jure que l'éclat d'un tel riche illumine les habitants du ciel, comme le soleil illumine les hommes!

Ô Riches de la terre!

Les pauvres sont un dépôt que Je vous ai confié: prenez bien soin de mon dépôt, et ne soyez pas occupés uniquement de votre confort.

Ô Enfant de passion!

Ne sois pas souillé par la richesse, et marche dans les cieux de la pauvreté d'un esprit assuré; ainsi, à la source de la mort, tu boiras le Vin de l'Éternité.

Ô mon Fils!

La compagnie des méchants nous attriste, tandis que celle des juste dérouille notre coeur. Que celui qui veut être avec Dieu fréquente ses amis; que celui qui veut entendre ses Paroles, écoute les discours de ses Élus.

Ô Fils de poussière, prends garde!

Ne sois pas l'ami du méchant, et ne le fréquente pas; car sa société change la lumière de l'Esprit en feu de l'enfer.

Ô Fils de ma servante!

Si tu désires la grâce du Saint-Esprit, sois le compagnon des âmes nobles; car le juste a bu à la coupe immortelle que lui tendait l'Échanson d'éternité, et, comme une pure aurore, il vivifie, illumine et fait briller le coeur des morts.

Ô Négligents!

Ne croyez pas que les mystères des âmes soient cachés. Sachez au contraire qu'ils sont inscrits en caractères brillants qui sont visibles dans ma Présence.

Ô Amis!

En vérité Je vous le dis: tout ce que vous avez celé dans vos coeurs est devant Nous manifeste, évident et clair comme le jour. Et si Nous le cachons, c'est par faveur et générosité, et non parce que vous le méritez.

Ô Fils de l'Homme!

J'ai répandu la rosée du vaste Océan de ma Miséricorde pour les habitants de la terre, mais nul ne s'est approché; car tous sont allés à la boisson impure, laissant le Vin délicat et immortel de l'Unité. Se détournant de la coupe de l'immortelle Beauté, il se sont contentés des coupes des mortels. Combien mauvais est ce qui les satisfait!

Ô Fils de poussière!

Ne te détourne pas du Vin incomparable de l'éternel Bien Aimé, et ne sois pas séduit par le vin pernicieux des mortels. Prends la coupe que te tend l'Échanson de l'Unité; alors tu seras tout intelligence, et tu entendras les voix mystérieuses de l'Ange. Dis: ô êtres dépravés, pourquoi avez-vous renoncé à mon Vin sacré et éternel pour l'eau de la mort?

Dis: ô Peuples de la terre!

Sachez à n'en pas douter qu'une calamité subite vous attend et qu'un aigle immense vous poursuit. Ne croyez pas que tous vos péchés soient effacés de ma vue. Je jure par ma Beauté que vos moindres actions sont inscrites d'une écriture éclatante sur les Tables de Chrysolithe!

Ô Tyrans de la terre!

Cessez d'opprimer les peuples, car J'ai juré de ne pardonner à aucun oppresseur. C'est un pacte que J'ai inscrit dans la tablette préservée, et auquel J'ai mis le sceau de ma Puissance!

Ô Rebelles!

Mon indulgence vous a enhardis, et ma patience vous a rendus insouciants: vous cheminez tranquillement sur les voies enflammées des passions, dans le sentier fatal et terrible. M'avez-vous cru négligent, ou ignorant peut-être?

Ô Compagnon d'exil!

La langue est faite pour Me louer: ne la souillez pas de calomnies. Si l'esprit satanique vous domine, songez à vos propres fautes, et ne calomniez pas mes créatures; car chacun connaît mieux son âme propre que celle de mes serviteurs.

Ô Enfants de l'Imagination!

Sachez que lorsque la brillante Aurore se lèvera de l'horizon sacré divin, toutes les actions diaboliques faites secrètement dans l'obscurité de la nuit deviendront manifestes aux peuples de la terre.

Ô Plante de la terre!

Comment se fait-il que tu ne touches pas tes vêtements avec tes mains souillées de sucre, et que, avec ton esprit souillé de passion et de luxure, tu cherches à M'approcher, et à parvenir au Royaume de ma Sainteté? Hélas, hélas! pour tes désirs!

Ô Fils d'Adam!

De bonnes paroles, des actions pures et saintes montent au ciel glorieux de l'Unité. Que vos actions soient pures de toute hypocrisie, de toute passion, de tout désir, et pénétrez alors au seuil de gloire de l'Approbation. Bientôt les Essayeurs de l'existence, sous le Portique de la présence de l'Adoré, n'accepteront plus que la pure vertu, et ne laisseront plus passer que les bonnes actions. Tel est le Soleil de la sagesse et de la signification, qui s'est levé à l'horizon de la Bouche de la Volonté divine. Bénis sont ceux qui se tournent vers Lui!

Ô Fils de sensualité!

La plaine de la vie est une plaine heureuse, si tu y pénètres; le pays de l'immortalité est délicieux, pour qui s'élève au-dessus du mortel domaine; la joie de l'ivresse est douce, pour qui boit au Calice spirituel que lui tendent les mains du divin adolescent! Si tu parviens à ces différents états, tu seras affranchi de la mort, du néant, de la misère et de l'erreur!

Ô mes amis!

Souvenez-vous du pacte que vous avez conclu avec Moi sur le Mont Parán (2), au sanctuaire béni de Rimman, et où Je pris pour témoins l'Assemblée suprême et les Compagnons de la Cité éternelle. Aujourd'hui Je ne vois personne qui respecte ce pacte: l'orgueil et la désobéissance l'ont à ce point effacé de vos coeurs, qu'aucune trace n'en est restée. Et, bien que le sachant, J'ai pris patience et Je ne l'ai pas divulgué.

Ô mon serviteur!

Tu es comme une épée bien trempée, enfoncée dans un sombre fourreau, qui en cache la valeur aux yeux des experts. Sors donc du fourreau des passions luxurieuses, afin que ta trempe devienne visible et évidente pour tous!

Ô mon Ami!

Tu es le soleil du Ciel de ma sainteté: ne te corromps pas sous l'éclipse du monde. Déchire le rideau de la négligence, et tu apparaîtras brillant et sans voile de derrière le nuage, parant tous les êtres de la robe d'honneur de la vie.

Ô Enfants de l'orgueil!

Pour quelques jours de règne mortel, vous avez rejeté mon immortel Royaume: vous vous revêtez de jaune et de pourpre, et vous vous en glorifiez. Je jure par ma Beauté que je vous conduirai tous sous la tente monochrome de la poussière, et que je vous enlèverai toutes ces couleurs, sauf à ceux qui auront choisi ma couleur, qui est purifiée de toute couleur!

Ô Enfants de l'insouciance!

Ne vous réjouissez pas de la souveraineté de ce monde et n'y attachez pas vos coeurs. Vous êtes comme un oiseau étourdi, gazouillant tranquillement sur la branche d'un arbre, quand subitement le chasseur de la mort le fait tomber à terre. Que reste-t-il alors de sa mélodie, de sa forme et de sa couleur? Réfléchissez, ô esclaves des passions!

Ô Fils de ma servante!

Jusqu'ici l'on a prêché en paroles, mais aujourd'hui il faut des actes. C'est-à-dire que maintenant, tous les bonnes actions doivent apparaître dans l'homme. Car les paroles appartiennent à tous, mais la pureté et la sainteté des actes sont le propre de mes amis. Alors, avec toute votre âme, efforcez-vous de vous distinguer de tout le monde par vos bonnes actions. Ainsi Nous vous exhortons dans la lumineuse Tablette de Sainteté.

Ô Fils de l'équité!

Au soir de beauté, le Temple éternel, quittant la colline vordoyante de la fidélité est retourné au Sadratu'l-Muntahá; et ses larmes se mirent à couler en telle abondance que l'Assemblée suprême et les Chérubins pleurèrent sur ses lamentations. Et comme on Lui demandait la cause de ses plaintes et de ses gémissements, Il dit: J'attendais, selon l'ordre reçu, sur la colline de la Fidélité; mais Je n'ai pas senti les brises de la fidélité monter des régions de la terre. Alors Je m'en retournai, et Je vis un nombre de Colombes de sainteté que les chiens de la terre avaient déchirées de leurs griffes. À ce moment, la divine Houri, quittant le Palais spirituel, accourut dévoilée et demanda les noms de ces Colombes. Je citai tous les noms sauf un. Comme elle insistait, j'en prononçai la première lettre: aussitôt les habitants du Paradis quittèrent leur demeure de gloire. À la seconde lettre. tous se prosternèrent dans la poussière! Alors un ordre vint de la retraite de l'Approche: Défense d'en dire davantage!.... En vérité Nous fûmes témoins de ce qu'ils ont fait et de ce qu'ils font encore.

Ô Enfant de ma servante!

Bois le Salsabíl spirituel des Lèvres de Miséricorde, et contemple à l'Orient des paroles de Dieu l'éclat des lumière du Soleil d'explication, sans voile ni mystère. Sème les graines de ma Sagesse inspirée dans le sol pur du coeur, et arrose-les de l'eau de la Certitude: les Hyacinthes de ma Science et de ma Sagesse pousseront verdoyantes dans la bonne terre.

Ô Fils de passions!

Jusqu'à quand voleras-tu dans l'air de tes passions? Je t'ai donné des ailes pour t'envoler dans le saint air spirituel, et non dans la plaine des imaginations diaboliques. Je t'ai donné un peigne pour boucler mes cheveux aux senteurs de musc, et non pour me frapper à la gorge!

Ô mes serviteurs!

Vous êtes les arbres de mon Paradis: vous devez porter des fruits admirables et précieux qui profiteront à vous et aux autres. Aussi chacun doit-il travailler: c'est le moyen d'être riches, ô possesseurs d'intelligence. Car c'est du travail que dépend la prospérité; c'est par lui que la bonté de Dieu vous enrichira. Les arbres stériles n'ont jamais été et ne seront jamais bons qu'à brûler.

Ô mon serviteur!

Qu'y a-t-il de plus vil en ce monde qu'un homme qui ne donne aucun fruit? On peut dire que c'est un mort: que dis-Je? Pour Dieu, un mort est mille fois préférable à un pareil être vain et insignifiant.

Ô mon Serviteur!

Les hommes les meilleurs sont ceux qui gagnent de l'argent, et le dépensent pour eux et leurs semblables, dans l'amour de Dieu, le Seigneur des créatures.

Ô mes Amis!

Éteignez la lampe de l'erreur, et allumez dans l'esprit et le coeur la torche éternelle de la Direction. Car bientôt les Essayeurs de l'existence, sous le Portique de la présence de l'Adoré, n'accepteront plus que la vertu pure, et ne recevront que les saintes actions. L'Épouse spirituelle merveilleuse, qui était cachée derrière les voiles des explications, grâce à la faveur divine et aux bienfaits célestes, est devenue visible et manifeste, comme l'éclat radieux de la beauté de l'Ami. Je suis témoin, mes amis, que le bienfait est complet, la preuve parfaite, l'argument manifeste, la démonstration évidente. Maintenant, quel degré de détachement serez-vous capables de montrer?

Ainsi s'accomplit, pour vous et pour tous ceux qui habitent les cieux et les terres, la Faveur divine.

Louange à Dieu, Seigneur de l'Univers!


Les Paroles Cachées en arabe

Le Gardien de la foi bahá'íe

Kalimát-i-maknúna (Les Paroles Cachées) est le titre original de ce recueil de poésie mystique. Kalimát, qui a le sens de mots, paroles, a ici aussi le sens d'enseignements; maknúna signifie précieux et essentiels. Kalimát est le nom d'un des mois du calendrier bahá'í.

Une autre version des Paroles Cachées.